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Fig.1 Pétrole : le prix du pétrole passe au-dessus de 90 USD/bl pour la première fois depuis près d’un an.
Le prix du pétrole dépasse depuis hier les 90 dollars par baril pour la première fois depuis près d’un an. Cela représente une hausse de 15 dollars par baril par rapport au point bas de juin. Et la hausse récente est plus importante en dehors des Etats-Unis, car le dollar s’est apprécié de près de 5% depuis mi-juillet face à un panier de devises, revenant à des plus hauts depuis 6 mois.
Cette hausse vient de mauvaises raisons, car c’est la réduction de l’offre et non l’amélioration de la demande qui entraîne ce mouvement. Cela implique un impact économique d’autant plus négatif, en particulier en dehors des Etats-Unis.
En effet, la hausse s’explique principalement par la réduction des perspectives d’offres après l’annonce de l’Arabie Saoudite et de la Russie d’étendre leur baisse de production de 3 mois jusqu’à la fin de l’année. En étendant sa coupe unilatérale de production de 1 million de barils par jour débuté en juillet, l’Arabie Saoudite va produire autour de 9 Mbl/j pendant six mois, contre 11 Mbl/d il y un an. La production de pétrole russe, qui a finalement baissé à partir de juin, devrait rester réduite de 300 mille barils de pétrole par jour jusqu’à la fin de l’année.
Fig.2 Pétrole : si le prix reste au niveau actuel, le pétrole contribuera positivement à l’inflation à partir de la fin de l’année.
Après avoir été le principal moteur de l’inflation fin 2021/début 2022, au début du cycle inflationniste actuel, la baisse du prix du pétrole depuis mi- 2022 a permis de réduire l’inflation depuis le début de l’année. Mais cet impact désinflationniste était maximal cet été et était censé s’estomper jusqu’à la fin de l’année. C’est pourquoi nous pensons que l’inflation américaine à 3% en juin était le point bas pour cette année. Mais si la hausse récente du prix du pétrole est durable, sa contribution à l’inflation repassera positive dès la fin de l’année, limitant le ralentissement de l’inflation en 2024. Cette contribution resterait toutefois bien plus limitée qu’en 2021-2022.
Pour la Zone Euro par exemple, nous estimons qu’une hausse permanente du pétrole de 15 dollars par baril augmenterait l’inflation en Zone Euro de l’ordre de 0,5% à un an via la hausse de l’inflation énergétique et de 0,2% dans la seconde année via les effets de second tour. Cette hausse de prix réduirait dans le même temps la croissance de l’ordre de 0,25%.
Fig.3 Zone Euro: Les prix de l’énergie hors pétrole se sont seulement stabilisés cet été, permettant de limiter le risque lié à l’énergie.
En dehors du pétrole, les prix des autres énergies ont cessé de refluer depuis le début de l’été mais n’ont pas nettement rebondi. C’est en particulier le cas pour le gaz naturel, dont le prix s’est stabilisé autour de 30-49 EUR/MWh depuis 3 mois, soit deux fois au-dessus de son prix « normal » d’avant 2021 mais bien en dessous des plus de 200 que l’on a connu l’année dernière. Et nous pensons que si les prix ne devraient pas rester sous pression à moyen terme, le risque de forte hausse cet hiver est limité grâce au niveau élevé des stocks avant le début de l’hiver et à la réduction structurelle de la demande depuis le choc de l’année dernière (de l’ordre de 15%).
Fig.4 Zone Euro: A prix constants, la hausse du prix du pétrole actuel est incomparable avec le choc de 2022.
Fig.5 Zone Euro: Et l’inflation énergétique ne repasserait que légèrement en territoire positif en 2024.
L’absence d’envolé des prix du gaz malgré la hausse des prix du pétrole est primordiale pour la Zone Euro car la facture des importations de gaz (50% de la facture des importations de pétrole) a été plus volatile que celle de pétrole depuis 3 ans et parce que les prix du gaz impactent directement les prix de l’ensemble de l’électricité dans l’Union Européenne.
Ainsi, même si les prix de l’énergie restaient à leurs niveaux actuels, la facture d’importation énergétique pour la Zone Euro serait stable en 2024 à la moitié de son niveau de 2022. Et la contribution de l’inflation énergétique à l’inflation totale sera seulement marginalement positive selon nos calculs.
Fig.6 Chine: Si les PMI manufacturiers donnent des signes de stabilisation, la forte baisse des PMI services ne plaide pas pour un vrai rebond de la croissance.
Fig.7 Zone Euro: Le PMI baisse encore plus qu’attendu en août car les pays du Sud rejoignent les pays du Nord en zone de contraction.