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En Zone Euro, l’enquête auprès des banques pour le 2T23 montre bien que le resserrement monétaire se transmet bien à l’économie et doit rassurer la BCE. En effet, l’indicateur synthétique de Bloomberg sur les conditions de crédit reste en territoire très négatif, même s’il ne se dégrade plus.
Dans le détail, du côté des entreprises, la demande de crédit continue de baisser alors que les conditions d’octroi de crédit par les banques restent difficiles, même si elle ne se resserrent pas autant que le trimestre précédent. Les anticipations semblent un peu plus favorables, mais ceci était déjà le cas le trimestre précédent et la réalité ne semble pas avoir suivi les anticipations.
Fig.1 Zone Euro : La demande de crédit des entreprises continue à baisser et les conditions de crédit se resserrent toujours mais un peu moins
Du côté des ménages, la situation est à peu près similaire. Vu la hausse des taux d’intérêt, la demande de crédit (immobilier et consommation) a fléchi. Seule consolation, la baisse sur le 2T23 a été moindre que le trimestre précédent.
Fig.2 Zone Euro : La demande de crédit des ménages (consommation et immobilier) baisse toujours, mais dans une moindre mesure qu’au trimestre précédent
Aussi, compte tenu de la hausse des taux d’intérêt et de la dégradation conjoncturelle, les banques sont plus prudentes et donc les conditions d’octroi de crédit restent peu favorables, même si du côté de l’immobilier le resserrement semble s’être un peu atténué.
Fig.3 Zone Euro : Les conditions de crédit aux ménages (consommation et immobilier) restent restrictives.
Au total, pour la BCE, l’enquête montre bien que la courroie de transmission par le crédit de sa politique restrictive fonctionne bien. Néanmoins, vu la dégradation conjoncturelle qui semble plus forte que ce qui pouvait être anticipé, ce qui devrait contribuer à accélérer la baisse de l’inflation, devrait inciter les banquiers centraux à un peu plus de prudence dans le resserrement monétaire. C’est pour cela que nous pensons que nous allons assister à la dernière hausse de taux de ce cycle. Néanmoins, vu les incertitudes sur l’évolution de l’inflation, le risque d’un resserrement plus important reste présent.
Du côté de la conjoncture économique, l’enquête PMI préliminaire de S&P pour le mois de juillet révèle que la situation de l’activité s’est détériorée, notamment en Zone Euro. En effet, Le PMI composite de la zone est passé à 48,9, soit une baisse supplémentaire par rapport au mois précédent. La situation se dégrade tout aussi bien dans les services que dans le secteur manufacturier. C’est surtout en France et en Allemagne que la perte de vitesse semble la plus prononcée. De fait, l’enquête IFO pour l’Allemagne a donné un message similaire. En revanche les pays de la périphérie, notamment l’Italie, semblent toujours mieux résister.
Fig.4 Zone Euro : Le PMI de S&P se dégrade et reste en territoire de contraction
Aux Etats-Unis, la situation conjoncturelle reste meilleure qu’on zone Euro. Certes, l’activité se dégrade, notamment du fait d’une perte de vitesse dans les services, mais l’indice composite est toujours en territoire d’expansion. Même le secteur manufacturier a connu une légère embellie sur le mois, même s’il reste en territoire d’expansion.
Fig.5 Etats-Unis : L’activité croît toujours avec un PMI en territoire d’expansion, néanmoins l’activité dans les services s’affaiblit
Néanmoins, il faut retenir que l’activité est bien en phase de décélération, ce qui est important pour la Fed dans le calibrage de sa politique monétaire. Le chiffre du PIB américain pour le 2T23, devrait confirmer cette perte de vitesse (nous attendons une croissance en rythme annualisé autour de 1,3% contre 2% au 1T23), même si l’économie américaine continue de surprendre par sa résilience.
En grande partie, cette résilience s’appuie sur la consommation. Derrière sa robustesse se cache la résistance de l’emploi à la décélération de l’activité. Certes le marché du travail est une variable retardée du cycle économique, mais la solidité du marché de l’emploi reste une surprise.
Ceci a été encore mis en avant par l’enquête de confiance auprès des ménages du Conference board qui a montré que la confiance a rebondi en juillet, corroborant le résultat de l’enquête de l’Université du Michigan. Derrière ce résultat se cache évidemment la situation de l’emploi. Ainsi, les ménages américains continuent de voir le marché du travail comme extrêmement porteur, où il reste très facile trouver un emploi.
Fig.6 Etats-Unis : Les ménages américains continuent de trouver le marché du travail comme très porteur.
Cette situation très favorable du marché du travail, qui maintient une pression sur les salaires, même si elle se modère, risque de continuer à pousser la Fed à garder une politique restrictive.